La mobilisation des jeunes nécessite un environnement accueillant qui favorise la rencontre. Les notions d'« endroit » et d’« espace » sont différentes. L’endroit renvoie à l’emplacement physique alors que l’espace est créé par ceux qui y interagissent. Les jeunes devraient jouer un rôle actif et continu dans la création d’espaces positifs leur étant destinés, et leur contribution ne devrait pas se limiter à l’aspect physique des locaux. Les jeunes peuvent contribuer à l’élaboration de lignes directrices sur leur utilisation, de protocoles de sécurité et de bien d’autres aspects.
Endroit
Au moment de choisir un endroit, gardez à l’esprit les points suivants :
- Est-il facile à trouver, et les jeunes peuvent-il s’y rendre facilement?
- Les heures d’ouverture répondent-elles aux besoins et à l’emploi du temps des jeunes?
- L’immeuble est-il accessible aux jeunes ayant une incapacité physique ou des besoins particuliers?
- L’espace physique est-il confortable et attrayant pour les jeunes?
- L’utilisation des lieux occasionnera-t-elle du bruit ou perturbera-t-elle d’autres personnes à proximité?
- Y a-t-il une aire de repos où les jeunes peuvent se détendre et prendre soin d’eux mêmes?
- Les jeunes ont-ils la possibilité de personaliser l’endroit et le rendre à leur goût?
Espace
Un espace positif va au-delà de l'endroit physique; il a trait aux comportements et aux interactions qui créent un environnement ouvert d’acceptation où tout le monde se sent respecté et valorisé. Dans un espace positif, les gens peuvent s'exprimer honnêtement et authentiquement,1 et ils peuvent contribuer activement sans crainte d’être jugés en raison de leur identité sociale, telle que leur religion, sexe, orientation sexuelle, capacité, etc.
Un espace positif n’est pas immunisé contre l'inconfort. Afin de grandir et d’apprendre, les jeunes et les adultes doivent être confrontés à des situations qui les mettent mal à l’aise, et qui les obligent à se poser des questions difficiles sur eux-même et leur convictions, 1,2,3. Un espace positif permet aux participants de prendre des risques, d’analyser leur position et d’aller jusqu’au bout pour résoudre respectueusement tout conflit.
Conseils pour la création d’espaces positifs :
- Déterminez les valeurs fondamentales qui doivent être respectées au sein de l’espace
- Établissez des normes et des attentes pour le groupe
- Adoptez une politique anti-discrimination
- Mettez en œuvre un processus de résolution de conflits
- Adoptez une optique axée sur la sensibilisation aux traumatismes
- Offrez un soutien clinique
- Priorisez la sécurité
En vedette : Création d'un espace de détente pour les jeunes
Le groupe Wild Den de l’école secondaire Robert Bateman située à Burlington réorganise un espace inutilisé de leur école afin d’y aménager une superbe salle de repos et de promotion de la santé mentale. L’équipe Wild Den a choisi de créer un espace où leurs collègues peuvent être à l'aise, se détendre et trouver des ressources sur la santé mentale, le repos, les organismes locaux, etc. L’espace Wild Den sera destiné durant toute l’année à des activités de sensibilisation à la santé mentale ainsi qu’à des soirées sociales. Chaque activité offrira aux étudiants une ambiance détendue pour favoriser le dialogue avec leurs pairs et en apprendre davantage sur la santé mentale et le bien-être.
Déterminer les valeurs fondamentales. Déterminater les valeurs du groupe de façon collaborative vous aidera à comprendre ce qui compte vraiment pour les participants ainsi que la façon dont les membres du groupe souhaitent se comporter à l'égard des autres. Il est important de noter que les valeurs de l'organisme de santé mentale dans son ensemble auront également une incidence sur l'espace.
Établir des normes de groupe et des attentes. Les normes de groupe permettent d’assurer que les interactions entre les membres du groupe sont positives.
En vedette : Dévelopement d’une politique relative aux espaces plus sûrs
Le Positive Space Network de l'Université de Victoria a adopté une politique relative aux espaces positifs qui permet d’établir facilement la façon dont les personnes interagissent au sein d’un groupe :
- Respectez vos limites physiques, mentales et émotionnelles.
- Restez à l’écoute de vos propres besoins et rappelez-vous que vous êtes encouragé à vous éloigner du groupe si vous en ressentez le besoin ou souhaitez être seul.
- Si vous trouvez que quelque chose ne va pas, parlez-en! Vous ne serez peut-être pas le seul à avoir cette impression.
- Si vous ne voulez pas parler ou répondre à des questions, dites-le clairement; n’attendez pas que quelqu’un s'en rende compte. Essayez d'exprimer ce dont vous avez besoin.
- Faites preuve d'assurance, si possible. Si vous avez des préoccupations à l'égard de quelqu'un, soyez direct.
- Respectez les limites physiques, mentales et émotionnelles des autres.
- Demandez toujours un consentement verbal explicite avant d'aborder ou de toucher quelqu'un. Ne présumez jamais qu’un consentement vous a été donné. Il est important de se rappeler que le consentement n’est pas toujours implicite, même à l’égard de gens que nous côtoyons de qui nous sommes habituellement très proches.
- Ne présumez pas l’origine, l’ethnicité, la culture, l'orientation sexuelle, le sexe, les antécédents de violence, etc., des autres. Il vaut mieux demander si quelqu’un est ouvert à discuter de son identité. Ne vous sentez pas visé personnellement par le refus de quelqu’un de répondre à une question.
- Dans la mesure du possible, renseignez-vous sur les pronoms que les gens préfèrent ou utilisez des pronoms neutres tels que « Iel » ou « Ol »
- Respectez la confidentialité des autres. Respectez la nature confidentielle de l’information, des récits et des expériences que les autres partagent avec vous.
- Présumez la bonne intention d'autrui.
- Nous sommes tous ici pour apprendre, et nous avons tous quelque chose à offrir.
- Les questions qui cherchent à clarifier les choses sont toujours appréciées.
- Respectez la diversité des opinions, des croyances et des points de vue. Partagez vos idées plutôt que vos jugements.
- Dans la mesure du possible, utilisez des propositions qui commencent par « Je » pour faire part de vos réactions ou expériences de façon à éviter d’attaquer les autres lorsque vous les lancez au défi ou discutez avec eux des erreurs pouvant avoir été commises.
- Tout le monde (même vous) fera des erreurs non intentionnelles.
- Soyez conscient de l’effet que votre comportement peut avoir sur les autres et prenez-le à votre compte.
Attendez-vous à être mis au défi par les autres si vous faites une erreur.
Établir des politiques anti-discrimination claires qui interdisent explicitement la discrimination en ce qui a trait au genre, le sexe, l'orientation sexuelle, l’origine, la classe sociale, l’apparence, etc. Cela garantit que les jeunes qui font l’objet de marginalisation ou de discrimination en raison de leur identité sont en sécurité, et comprennent que cet espace constitue une dimension dans laquelle ils peuvent s'attendre, jusqu’à un certain point, à être à l’abri de la discrimination et de la violence.
Élaborer en même temps des lignes directrices claires sur le langage à utiliser dans cet espace afin d'assurer qu'aucune expression discriminatoire ne soit utilisée et que toutes les personnes présentes soient au fait des termes qui pourraient constituer des déclencheurs ou être traumatiques pour les autres participants.
Mettre en œuvre un processus de résolution de conflits qui prescrit des étapes générales à suivre pour gérer un conflit ou pour présenter une plainte formelle. L’établissement d’un tel processus englobant les jeunes et le fait de s’assurer qu’ils comprennent entièrement leurs droits et responsabilités contribuent à la promotion de la sécurité et de la responsabilisation.
Adopter une optique axée sur la sensibilisation aux traumatismes qui demande à ce que les organismes et les fournisseurs de service travaillent à la préservation de la sécurité physique, émotionnelle et culturelle dans un espace. Les professionnels sensibilisés aux traumatismes aident à former le jeune et ses réseaux de soutien sur l’effet des traumatismes sur leur bien-être pour qu'ils puissent avoir une compréhension, une réaction et une réflexion plus efficaces à l’égard de ces enjeux. 4Tout réseau de soutien clinique devrait être au courant des facteurs déclencheurs (c’est-à-dire, les facteurs qui rappèlent l’évènement traumatisant au jeune) et faire tout son possible pour réduire le risque de les récréer dans un espace donné.
Le Canadian Centre for Gender and Sexual Diversity (en anglais seulement) a élaboré un formulaire destiné aux présentateurs d’ateliers sur les facteurs déclencheurs. Dans le formulaire, tous les conférenciers devaient signer la politique de l’organisation relative aux espaces plus sûrs et énumérer tout contenu de nature traumatisante, ou pouvant constituer un déclencheur, susceptible d’être traité dans leur présentation.
Offrir un soutien clinique. Lorsqu’on travaille avec des jeunes et, surtout, si ces jeunes ont vécu des problèmes de santé mentale, il est essentiel de s’assurer qu'ils aient accès à un soutien clinique. Cela peut nécessiter qu’un membre du personnel de soutien clinique soit disponible en tout temps pour intervenir et que ce dernier soit formé sur la sensibilisation à la santé mentale. Rappelez-vous que la plupart du temps, les jeunes demandent le soutien de leurs pairs; assurez-vous donc d’inclure des jeunes et des aidants naturels dans vos plans de sécurité clinique.
En vedette : Une meilleure utilisation des données probantes
Tous les programmes offerts à YouthNet/RéseauAdo ont l’appui d’auxiliaires cliniques, ce qui garantit la sécurité des participants et offre un soutien aux animateurs. La Phase I de notre réseau d’auxiliairescliniques comprend l’offre d’une formation sur ASIST aux animateurs, jumelée à un cours de formation permanent sur la promotion de la santé mentale et la prévention du suicide chez les jeunes. À la Phase II, il est garanti qu’un travailleur social soit joignable et puisse se présenter sur appel pour soutenir les programmes. Les procédures connexes sont énoncées dans un protocole. Les animateurs font le suivi auprès des participants qui signalent ou démontrent avoir un plus grand risque/besoin de services ou de ressources, soit d’après un sondage auquel ils ont répondu, soit au cours de la prestation de programmes. En fonction du risque (tel que déterminé) couru par le participant, les animateurs communiqueront avec le travailleur social clinique sur appel afin d’obtenir son soutien.